vendredi 11 juillet 2025

Anne de Noailles - CELUI QUI MEURT

 

Regarde longuement celui qui meurt. Voilà
Ce que la guerre atroce à tout instant consomme :
Elle puise en ce corps son effroyable éclat ;
La gloire, c’est Verdun, c’est la Marne et la Somme,
Une armée, c’est un flot compact et rugissant
Où nul visage encor n’émerge et ne se nomme,
Où des milliers de cœurs ont confondu leur sang,
Mais un mourant, c’est un seul homme !

Un seul homme étendu : austère immensité !
Un seul, et tout le poids de la douleur sur lui !
Un seul supplicié sur qui tombe la nuit
Dans les champs. Seul vraiment. Pour lui s’est arrêté
Cet unanime élan de colère et d’audace
Qui l’emportait, puissant, multiplié, tenté,
Épars dans son effort, son espoir et sa race !
Il est seul, il n’est plus de ce groupe irrité
Qui harcèle âprement l’obstacle, et l’escalade !
Il est devenu seul. C’est le plus grand malade.
La mort délie en lui les cordes du héros.
Il est tout seul, avec sa chair, son sang, ses os,


Et toute sa chétive et faible exactitude.
Nul n’est semblable à lui : qui meurt n’a pas d’égaux.
Rien ne peut ressembler à cette solitude !

Ô corps mourant à qui plus rien n’est marié !

— L’Histoire passe avec ses canons, ses lauriers,
Son tremblement qui moud les routes et les mondes !
Mais cet enfant qui meurt ne sait. La lune est ronde
Au haut du calme ciel où tous les yeux humains
Se posent sans conflit, cependant que les mains
S’acharnent à tuer. Où sont les camarades
De cet enfant qui meurt ? Mais les reconnaît-on
Ces guerriers dans la nuit, ces obstinés piétons
Qui n’ont jamais fini de servir ? À tâtons
Ils continuent l’épique et sombre promenade.
— Et que pourraient-ils dire à celui-là qui meurt ? —
Que vous avez vaincu, cher être, on est vainqueur
Quand on est ce mourant sous les astres. Naguère
Un homme seul, pareil à vous, sans qu’on l’aidât
Et sans que nul scrutât son suprême mystère,
Mourut, pareil à vous, sans se plaindre, les yeux
Semblables à vos yeux pleins d’espace. Ô soldats,
Dont le sang juvénile a coulé sur la terre,
Soyez bénis, chacun, comme peut l’être un dieu,
Christ de la monstrueuse et de la juste guerre !


Juillet 1917

vendredi 4 juillet 2025

Jean Moreas _ Les bonnes souvenances

Irisant le ciel gris de nos mornes pensées, Ravivant les soleils éteints des renouveaux, Elles passent toujours au fond de nos cerveaux, Un bon souris sur des lèvres jamais plissées. Leur prunelle est l’aurore, et leur natte tressée Est fulgurante ainsi que l’éclat des flambeaux. Leur prunelle est  […]

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mardi 1 juillet 2025

Gerard Manset - Comme un guerrier

Comme un guerrier Qui perd son bras Son œil au combat À chercher le choc Fendre le roc Comme un guerrier qui tombe Un pied dans la tombe   On se fait mal Et sifflent les balles Le vent, la mitraille Le pont, les rails Dessous la rivière Rapide et fière Rapide et fière   Une barque t'attend Et  […]

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lundi 30 juin 2025

Leo Ferré - Les Anarchistes

 […]

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dimanche 29 juin 2025

Catherine Pozzi - Scopolamine

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samedi 7 juin 2025

Renée Vivien - Resurrection

Et je t’aime ! Et voici que s’épand dans mes moëlles Miraculeusement la clarté des étoiles, Belle que je choisis pour Reine des étoiles ! Me voici revenue à la vie, à l’amour Qui transfigure en or les choses d’alentour, Au charme du poème, au rire de l’amour. Tantôt je m’enfonçais dans l’horreur  […]

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mardi 3 juin 2025

Charles de Pomairols - Désirs

Je voudrais habiter un pays fabuleux,  Dont le sol, le sol ferme où la racine plonge,  Léger comme un lointain qui flotte et se prolonge,  Laissât errer mes pas sur des horizons bleus :  Je voudrais habiter dans le pays du songe !  Je voudrais sous mon toit posséder le bonheur,  Dont l'image rapide  […]

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vendredi 16 mai 2025

Georges Eekhoud - Chant de troubadour

Si j’étais le zéphyr volage, Ou la brise jouant sur l’eau, Je remplirais le doux roseau, Je remplirais le frais bocage De ces chants qu’on aime à ton âge Parce qu’on est soi-même oiseau. Si j’étais la branche du chêne, Je m’inclinerais au printemps Sur ton beau front de dix-sept ans ; Et quand  […]

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